[ENSEIGNEMENT] – « Se convertir, c’est évacuer tout le venin, tout le mal qui est en soi »


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dimanche 7 décembre 2025
Diocèse de Guadeloupe

A la demande de nombreux fidèles, nous publions l’homélie de Père Jacques Mahugnon AGOSSOU, vicaire de la paroisse de Saint-Pierre et Saint-Paul, à Pointe-à-Pitre, prononcée lors de la messe du dimanche 7 décembre 2025, 2ème dimanche du temps de l’Avent. Cette prédication a effectivement valeur d’enseignement pour nous tous. Bonne lecture et merci à toi Père Jacques.

Aujourd’hui, nous sommes le deuxième dimanche du temps de l’Avent ! En méditant les textes de ce jour, j’y découvre deux thèmes principaux : une promesse de bonheur ou de bonheur et une invitation à nous convertir au rêve et à « la mentalité de Dieu ».

Dans la 1ère lecture, le prophète Isaïe nous parle de la promesse de bonheur. Dieu enverra un sauveur qui, contrairement à nous, ne jugera pas selon les apparences : «Il jugera les petits avec justice, il tranchera avec droiture en faveur des pauvres du pays.»  Ce Messie fera naître un monde nouveau, un monde pacifié, un monde sans violence, sans haine, sans injustice, une terre d'amitié et de fraternité : « Le loup habitera avec l’agneau, le léopard se couchera près du chevreau, le veau et le lionceau seront nourris ensemble, un petit garçon les conduira. La vache et l’ourse auront même pâture, leurs petits auront même gîte. Le lion, comme le bœuf, mangera du fourrage. Le nourrisson s’amusera sur le nid du cobra ; sur le trou de la vipère, l’enfant étendra la main »

En chacun de nous, un loup et un agneau

Vous avez, chacun de nous porte en lui un loup et un agneau, des instincts de défense, de colère et aussi un désir d'innocence, de douceur. Parfois nous sommes blessés et alors nous mordons pour nous protéger. Parfois, nous avons peur et nous nous fermons. Aujourd’hui, Dieu veut brûler avec le feu dont parle l’Évangile les coins de divisions de nos cœurs pour nous faire jouir de la paix. Il veut réconcilier les diverses oppositions de nos vies qui nous enlève la paix intérieur. C’est d’ailleurs pour cela que nous prendrons pour la liturgie eucharistique nous prenons la préface et la prière eucharistie pour la réconciliation. Dieu veut nous donner la force de l’Esprit Saint dans nos combats intérieurs et nous guérir de nos rancœurs, de nos rancunes de nos déceptions de la vie et des hommes.  

Ce n’est pas parce que le serpent a changé de peau qu’il n’est plus venimeux, au contraire ! Ce n’est pas parce que j’ai prié que je ne suis plus méchant, égoïste, menteur, voleur, jaloux.

Mais pour que ce monde pacifié et sans violence entre en nous advienne, pour faire naître ce rêve de Dieu, Jean Baptiste nous invite à commencer à vivre ce rêve de paix et d’amour dans vos vies de tous les jours, à changer de direction pour nous tourner vers Dieu : « Convertissez-vous, car le Royaume des Cieux est tout proche ».

C'est un appel pour nous aujourd'hui. Nous pouvons aller à la messe chaque dimanche, prier, chanter, communier, nous confesser, lire la Parole de Dieu, distribuer la communion aux fidèles. Mais si notre cœur ne change pas, si nos relations ne s'apaisent pas, si nous gardons la même dureté, la même indifférence, alors la conversion n'a pas encore commencé. Pour être sauvé, il ne suffit pas d’être pratiquant, il faut surtout être converti

Or Jean-Baptiste remarque qu’il y a beaucoup de pratiquants, mais très peu ou pas du tout de convertis. Cette remarque n’est-elle pas valable encore aujourd’hui pour nous ?

« Engeance de vipère ! »

L’image que Jean Baptiste prend pour illustrer cette situation est celle du serpent : " Engeance de vipère ! " C’est seulement Jean Baptiste et Jésus par la suite qui peuvent avoir cette rudesse, cette sévérité dans le langage car ils sont vrais, authentiques et crédibles. Celui qui est pratiquant mais pas converti ressemblerait donc à une vipère, un serpent. Il y a l’image du serpent dans la bible, mais il y a aussi une image du serpent que l’on peut avoir à l’observation. Cette image, c’est celle de cet animal qui mue, qui change de peau, mais dont le venin reste intact. Le serpent va donc aussi symboliser celui ou celle qui se contente de changements de surface, de petits aménagements extérieurs alors que son cœur reste le même, avec son venin de haine, de corruption, de rancune, d’égoïsme, de jalousie, de mensonge. 

Ce n’est pas parce que le serpent a changé de peau qu’il n’est plus venimeux, au contraire ! Ce n’est pas parce que j’ai prié que je ne suis plus méchant, égoïste, menteur, voleur, jaloux. Ne sommes-nous pas aussi, ne suis-je pas moi aussi Jacques Mahugnon AGOSSOU, ce serpent qui change de peau alors que son venin, son cœur est resté le même et parfois même est devenu pire ?  

Jean-Baptiste nous dit donc que se convertir, ce n’est pas, comme le serpent, changer de peau. Se convertir, c’est évacuer tout le venin, tout le mal qui est en moi, pour que je ne sois plus un danger, une menace, un ennemi pour les autres, pour mes frères et sœurs, mes voisins, mes collègues...

Se convertir, c’est être désormais ce loup, ce léopard, ce lion, ce cobra devenus inoffensifs, parce que le mal, la violence, la méchanceté qui étaient en eux ont été évacués.

Où se vérifie la vraie conversion ?

La vraie conversion se vérifie dans la vie ordinaire. La conversion commence par les banalités de la vie quotidienne. Nous n’avons pas besoin de faire de grands projets spirituels, d’efforts extraordinaires ou surhumains. Les fruits de conversion auxquels nous invite Jean le Baptiste peuvent être :  la patience avec ceux qui nous « saoulent » ; la douceur, la tendresse avec ceux qui nous nous provoquent, nous font monter la tête au cerveau ; la capacité à demander pardon ou à pardonner. ; ne pas réagir avec dureté et ne pas répondre tout de suite, quand un mot blessant, monte en nous, rouvrir la porte du dialogue avec quelqu'un que nous avons laissé de côté ou que nous « zappons » purement et simplement.

Changer radicalement de direction

La seule manière de vraiment célébrer Noël en chrétien, c’est de le célébrer en converti. Qu’est-ce que nous pouvons changer dans notre vie pour rendre la vie des autres et la nôtre plus heureuses ? Changer notre tempérament agressif, notre capacité de démolir les autres ? la paresse qui nous empêche de nous engager, de participer pour témoigner avec Jésus Christ en Église ?

Se convertir, ça veut dire changer de direction. Un théologien suisse Édouard Schweizer affirmait : « Cela ne sert à rien d’encourager le coureur à redoubler ses efforts s’il court dans la direction opposée à celle de la ligne d’arrivée. Il faut alors qu’il change de trajectoire »… Se convertir, c’est changer de direction !  Seigneur, donnez-nous la grâce de changer de direction pour nous tourner vers vous.  Notre Dame de Guadeloupe et de l’Immaculée Conception et saint Ambroise, priez pour nous ! Amen

Père Jacques, Vicaire de la paroisse St Pierre et St Paul – Pointe-à-Pitre (Guadeloupe)

 

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