Le Cardinal Victor Manuel Fernández qui a signé la Préface du texte identifie trois raisons principales justifiant cette publication. D’abord, le contexte technologique mondial. Le développement technologique pousse l'homme à se percevoir comme « une créature sans limites », s'éloignant de la valeur de l'amour exclusif. Il est fait référence également aux problématiques liées à la polygamie en Afrique. Des études approfondies des cultures africaines réfutent l'idée que le mariage monogame y serait exceptionnel. Troisième motif, et pas des moindres, la montée du polyamour en Occident et dans bien d’autres régions du monde, avec l’émergence de formes publiques d'unions –décomplexée ? - non monogames dans nos sociétés.
Dans cette note doctrinale, il est professé que la monogamie n'est pas une limitation mais une promesse d'infini et la possibilité d'un amour qui s'ouvre à l'éternité. Le mariage est défini comme une « unité indissoluble », « une union exclusive et une appartenance mutuelle ». Seuls deux êtres peuvent se donner pleinement et entièrement l'un à l'autre.
Les principes fondamentaux bien expliqués
Le document se structure en sept chapitres et une conclusion, proposant une approche théologique, philosophique et poétique de la monogamie. Plusieurs concepts-clés sont ainsi rappelés et expliqués. L'appartenance mutuelle, fondée sur le libre consentement des deux époux, elle reflète la communion trinitaire, respecte la liberté et l'identité de chaque personne et crée une motivation puissante pour la stabilité de l'union. Elle implique « une délicate attention, une crainte sacrée de profaner la liberté de l'autre, qui possède la même dignité et donc les mêmes droits ».
Autre point d’attention et de vigilance : La charité conjugale, comme force d'union affective, fidèle et totale. C’est un don divin demandé dans la prière, nourrie par la vie sacramentelle, qui devient « la plus grande amitié entre deux cœurs proches et fraternels ». Les époux se sentent « pleinement chez eux l'un auprès de l'autre ».
S’agissant du respect de la liberté et de la dignité, il est clairement enseigné ce que le mariage n’est pas. A savoir une possession, une exigence de tranquillité absolue, une libération totale de la solitude (seul Dieu peut combler le vide humain), un moyen de résoudre ses propres insatisfactions et une domination de l'autre. A contrario, il est précisé ce qu’est et doit demeurer le mariage : La confiance mutuelle, la capacité d'affronter de nouveaux défis ensemble, un « nous deux » sain où deux libertés se choisissent mutuellement et le respect d'une « limite infranchissable ».
Le document déplore fermement « les nombreuses formes de désir malsain qui engendrent diverses manifestations de violence, explicites ou insidieuses, d'oppression, de pression psychologique, de contrôle et, en fin de compte, d'étouffement ». Cela constitue un « manque de respect et de vénération pour la dignité de l'autre ».
L’importance de la prière commune
Les dimensions pratiques du mariage sont aussi évoquées. Là il est question notamment de l'équilibre entre proximité et autonomie. Les conjoints doivent comprendre et accepter les moments de réflexion, espaces de solitude ou d'autonomie demandés par l'autre. La personne « ne se perd pas dans la relation, ne fusionne pas avec l'être aimé ». Attention tout de même quand la distance devient trop fréquente, le « nous deux » risque de s'estomper, prévient-on. Les solutions résident alors dans un dialogue sincère qui permet de guérir les causes de l'éloignement mutuel. Mais surtout la prière commune, moyen précieux par lequel le couple peut se sanctifier et grandir dans l'amour, soutenant le cheminement personnel de chaque conjoint.
Bien entendu la sexualité n’a pas été occultée dans cette réflexion. Il est écrit qu’elle doit être comprise « corps et âme », non comme une pulsion ou un exutoire, mais comme un don merveilleux de Dieu. Elle conduit au don de soi, au bien d'autrui, et est transformée par la force de la charité. Concernant la fertilité, cause souvent de souffrance dans les couples, on peut lire que la fécondité est importante mais qu’elle « ne doit pas être la finalité explicite de tout acte sexuel ». Le mariage conserve son caractère essentiel même sans enfant, est-il affirmé.
L'impact des réseaux sociaux
Dans le contexte de « l'individualisme consumériste postmoderne » qui nie la finalité unificatrice de la sexualité et du mariage, le document identifie l'urgence d'une nouvelle pédagogie. « L'univers des réseaux sociaux, où la pudeur s'estompe et où prolifère la violence symbolique et sexuelle, démontre l'urgence d'une nouvelle pédagogie ». Il faut préparer les générations à appréhender l'amour comme « un mystère anthropologique », comprendre l'amour non comme une simple impulsion, mais comme un appel à la responsabilité, développer « une capacité d'espérance en la personne dans sa totalité ».
Eduquer à la monogamie, un vrai défi
En guise de conclusion théologique, l’on peut établir à propos des deux propriétés essentielles du lien conjugal (unité et indissolubilité), l'unité fonde l'indissolubilité et la fidélité n'est possible que sur la base d'une communion choisie et renouvelée. L'amour conjugal devient ainsi une réalité dynamique, appelée à une croissance et un développement continu au fil du temps, dans une « promesse d'infini ».
Une réponse concrète aux grands défis posé au mariage de nos jours
Quelques points d'application pratique. Pour les éducateurs : Développer une pédagogie de l'amour qui présente la monogamie non comme contrainte mais comme grandeur. Pour les couples : cultiver la prière commune, maintenir le dialogue sincère, respecter l'autonomie de l'autre sans distance excessive, s'ouvrir au service des pauvres et de la communauté. Pour les pasteurs, présenter la richesse du mariage chrétien, accompagner les jeunes dans la découverte de l'amour comme responsabilité et promouvoir une réflexion sereine sur la monogamie. Pour la société, résister à l'individualisme consumériste par l'éducation à l'espérance en l'autre et à la responsabilité mutuelle.
Cette Note doctrinale constitue une réponse magistérielle complète aux défis contemporains posés au mariage monogame, en articulant théologie, philosophie, anthropologie et poésie pour montrer que la monogamie n'est pas une privation mais une plénitude, non une limite mais une ouverture à l'infini.
Père Paulin MUTORO (Avec le service diocésain de la communication)
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