Pourquoi l'Eglise fait mémoire des fidèles défunts ?

Frères et Sœurs, il y a des personnes qui disent que cela ne sert à rien de prier pour les morts, de donner des intentions de messe à leurs mémoires. Que comprendre et retenir de la prière pour les morts ?

Le mot « défunt » vient du latin « functus » qui signifie « s’acquitter de »  ou « accomplir ». Le défunt est celui qui s’est acquitté de la vie. Quelqu’un a-t-il bien vécu, a-t ’-il mal vécu ? La réponse est : « A pa pwoblèm annou, sé pwoblèm a Bondyé ». Dieu seul en est le juge, car lui seul « sonde les reins et les cœurs ».

La prière pour les défunts ne date pas d’aujourd’hui. Elle existait déjà dans l’Ancien Testament comme en témoigne 2 Mac 12,45 : Le roi Judas exhorte le peuple à faire une collecte pour offrir 1 sacrifice aux âmes des soldats morts pour la nation. Pour Saint Paul, la prière pour les morts est une conséquence naturelle de l’espérance chrétienne en la résurrection. 

Notons que l’Eglise a toujours valorisé la prière pour les défunts, mais aussi avec tous ceux qui sont au Ciel. Cette prière a une double signification.

1ère signification : Dans chaque eucharistie, nous prions « pour ceux qui sont morts dans la paix du christ et tous ceux qui ont quitté cette vie, qu’ils soient reçus dans la lumière auprès de Dieu ». C’est aussi le sens que prend la demande de célébrer des messes pour les défunts : que la grâce du Christ, rendue présente dans l’eucharistie, puisse bénéficier, non seulement à nous sur terre, mais à ceux qui nous ont précédés et avec lesquels nous restons en communion.

2ème signification : Nous demandons l’aide de tous ceux qui nous ont précédés. Nous nous recommandons à leurs prières, pour aider notre âme à s’orienter vers plus d’amour. Que par leur intercession auprès de Dieu et leur prière, nous sachions toujours être des battants, des hommes et des femmes courageux, qui savent affronter les difficultés et mieux accomplir la volonté de Dieu, mieux aimer.

Par ailleurs, peut-être que cette célébration du 2 novembre met en nos cœurs de l’émotion, de la tristesse… Oui, quand on aime, on ne voudrait ne jamais être séparé de ceux que l’on chérit. Mais n’oublions pas que c’est dès maintenant que nous avons à tisser des liens corrects et non pas par intérêt ou de façon hypocrite avec les membres de notre famille, avec notre voisin, avec notre entourage, avec nos collègues…

Frères et Sœurs, la construction de maisons et l’acquisition de terrains familiaux sont souvent sources de conflits dans les familles aujourd’hui. Saint Jean affirme que Dieu, réserve à nos parents et amis défunts, il nous réserve une maison où tous peuvent se sentir à l’aise et où chacun est respecté pour ce qu’il est.

« Je pars vous préparer une place ». Voilà un verset qui nous rassure… Le Christ ne nous laisse pas seuls face à la mort. Il la précède, il ouvre le chemin, il prépare la demeure. Cela signifie que la mort n’a pas le dernier mot (comme nous le rappelle le prophète Isaïe dans la première lecture). Il y a une maison, il y a un Père, il y a une place pour chacun. Dans la Maison du père, dont nous parle Jésus, notre famille terrestre est appelée à se réunir.

Le Pape François a dit que : « toute la vie chrétienne est un travail de Jésus, de l’Esprit-Saint pour nous préparer une place, pour préparer nos yeux à voir » … nos yeux, les yeux de notre âme ont besoin – c’est une nécessité – de se préparer à regarder le visage merveilleux de Jésus. Préparer nos oreilles à entendre de belles choses, de belles paroles. Et surtout, préparer notre cœur, préparer notre cœur à aimer, à aimer davantage […] Sur le chemin de la vie, le Seigneur  prépare notre cœur par des épreuves, des consolations, des tribulations, par de bonnes choses ».

En Octobre dernier, le Pape Léon a dit : « Le Christ Ressuscité est à la fois notre guide et notre compagnon de route. Il nous conduit à la Maison du Père où nous sommes attendus, aimés, sauvés et où le désir qui nous habite sera comblé ».

Frères et Sœurs, quand nous déposons une fleur sur une tombe, quand nous allumons une bougie pour un défunt, ce n’est pas simplement un geste de souvenir. C’est un acte de foi : foi en la vie plus forte que la mort, foi en Jésus qui nous dit : « Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie. »  et dans un autre passage : « Moi, je suis la Résurrection et la Vie ».

Alors, ne restons pas figés dans le passé ou dans la douleur. Levons les yeux vers celui qui nous dit : « Que votre cœur ne soit pas bouleversé. » Prions les uns pour les autres, et laissons la lumière du Christ venir éclairer, même nos nuits les plus sombres.

Seigneur, notre Dieu, toi qui nous as créés pour la vie, remplis nos cœurs d’espérance pour nous-mêmes et pour nos frères et sœurs défunts.

Fais-nous vivre en ressuscités dans la communion à ton Fils et à l’Esprit pour les siècles des siècles.  Amen. 

Père Gérard FOUCAN, curé de la paroisse de Saint-Pierre et Saint-Paul, à Pointe-à-Pitre et vicaire général du diocèse de Guadeloupe (Homélie du 2 novembre 2025)