En mission : Le groupe des chrétiens psychologues de Guadeloupe prend forme


Informations

mercredi 22 octobre 2025
Diocèse de Guadeloupe

Durant le week-end des 18 et 19 octobre 2025, Mgr Philippe GUIOUGOU, évêque de Basse-Terre et Pointe-à-Pitre avait convié les psychologues de la Guadeloupe à une rencontre avec leurs confrères psychologues chrétiens de Martinique. Ce temps d’échanges et de réflexion, s’est conclue le dimanche matin 19 octobre, par la messe incluant la bénédiction de ces professionnels de la santé mentale, à la cathédrale du chef-lieu, marquant la création du groupe des chrétiens psychologues de Guadeloupe.

Le Père Anthony ETIENNE, curé des paroisses de Basse-Terre est toujours le plus heureux lorsque Mgr Philippe GUIOUGOU, évêque de Guadeloupe, préside l’Eucharistie dans sa cathédrale. Dimanche 19 octobre 2025, en clôture de la semaine missionnaire mondiale, c’est donc avec joie qu’il a concélébrer la messe dominicale à ses côtés, avec le Père Sosthène GODJO, prêtre en mission du diocèse de Martinique et psychologue. C’était d’ailleurs la singularité de cette messe. Durant cette célébration, le Pasteur de notre diocèse, a procédé à la bénédiction de ces professionnels de la santé mentale qui ont répondu à son appel pour accompagner l’Eglise dans sa mission d’écoute et d’accompagnement des personnes qui souffrent chez nous.

L’évêque de Guadeloupe s’est inspiré de la démarche similaire mise en œuvre avec succès en Martinique depuis sept ans. Une délégation de psychologues chrétiens de l’île sœur était d’ailleurs présente durant deux jours avec le Père Sosthène GODJO - qui a initié ce service d’Église en Martinique. Samedi 18 octobre, veille de cette Eucharistie, ils ont ainsi pu rencontrer leurs collègues de Guadeloupe et Mgr Philippe, pour envisager concrètement la création d’un groupe de psychologues chrétiens au sein de notre diocèse. Un projet cher à notre évêque et qui est désormais sur les rails.

Missionnaires de l’espérance parmi les peuples

C’est le Père Sosthène qui proclama l’Evangile de Jésus-Christ selon saint Luc (Lc 18, 1-8) « Dieu fera justice à ses élus qui crient vers lui », avec la parabole de la veuve qui importunait le juge qui ne craignait pas Dieu, pour lui demander justice, avant l’homélie de Mgr Philippe. Notre évêque rappela en préambule, que ce dimanche 19 octobre, marquait la fin de la semaine missionnaire qui avait pour thème : Missionnaire de l'espérance parmi les peuples. « Evidemment ce n'est pas étonnant que cette année, [ndlr : année jubilaire] toutes les thématiques tournent autour de la dimension de l'espérance. L'église nous rappelle que toute mission authentique, véritable commence par un cœur enraciné dans la foi et c'est ce que nous entendons dans la parole de Dieu d’aujourd'hui. Ce que Dieu attend de nous, ce n'est pas une efficacité spectaculaire, comme si nous ferions de grandes choses, de grands miracles, ni une réussite éclatante. Ce que Dieu attend de nous, frères et sœurs, c'est la foi. Une foi humble, une foi confiante, qui croit en la puissance de sa Parole, en la force de la prière et surtout, ce qui définit d'ailleurs le nom de Dieu : nous croyons en sa miséricorde. Croire que Dieu nous aime au point de nous pardonner, au point d'être toujours prêt à donner son pardon à l'homme, et donc à nous. Voilà ce que Dieu attend véritablement de nous : que nous soyons des êtres de foi » a-t-il dit.

 

La puissance de la foi et de la parole de Dieu peut éclairer votre accompagnement, en tant que chrétien, en vous aidant à mieux discerner ce qui se joue à travers l'être, l'homme, la femme, l'enfant, l'adolescent, que vous accompagnez.

Mgr Philippe a ensuite relaté quelques échanges lors de sa rencontre avec le groupe de chrétiens psychologues. Ceux de la Martinique qui sont en marche depuis sept ans, mais aussi le groupe naissant de chrétiens psychologues de la Guadeloupe. « Nous étions en tout une bonne trentaine, avec les deux groupes. Certains interrogent justement sur la place de leur foi dans la pratique de leur métier. Il y a certes la déontologie qui impose au psychologue de ne pas parler de religion avec ses patients. Vous n’avez pas le droit, mais vous demeurez libres d’être animés par votre foi.  Pour une meilleure écoute, un meilleur accompagnement du patient. La puissance de la foi et de la parole de Dieu qui peut éclairer votre accompagnement, en tant que chrétien, en vous aidant à mieux discerner ce qui se joue à travers l'être, l'homme, la femme, l'enfant, l'adolescent, que vous accompagnez. Cela, en vérité peut nous concerner tous et quel que soit le métier que nous faisons. Comment ma vie de prière, comment ma vie de foi m'aide dans mon métier pour ne pas m'énerver sur le collègue, pour avoir une parole réconfortante ou une parole qui élève. Ne pas avoir un regard qui juge l'autre alors que nous ne connaissons rien ou pas grand-chose de sa vie. Bref, nous pourrions citer bien des exemples qui nous montrent, qui nous prouvent comment et à quel point une vie de foi encore plus grande et plus forte nous aide dans notre quotidien et au cœur de notre métier ». 

Dans le cœur de celui qui croit

« C'est le premier appel pour nous aujourd'hui dans cette semaine missionnaire qui s'achève, revenir à la source, revenir à l'écriture, c'est cela le sens d'une semaine missionnaire. Comprendre que nous sommes envoyés en mission, missionnaire de l'espérance pour les peuples, pour tous les peuples. Mais cette mission n'a de sens que si elle s'appuie sur la Parole de Dieu. Ce n'est pas nous-mêmes qui nous envoyons, c'est au nom de l'Evangile, au nom de l'Eglise que nous sommes envoyés.  Alors nous sommes invités à la méditer, à y puiser la lumière pour notre vie. C'est pour cela que lors de notre rencontre, de différentes manières nous avons pris le temps de scruter la Parole de Dieu. Le matin avec le père Sosthène et l'après-midi avec moi. A la confronter à nos vies, à votre travail. La mission ne commence pas dehors. Elle commence de dedans, dans le cœur de celui qui croit. Voilà le début de la mission, elle commence dans notre cœur. C'est parce que nous sommes animés par quelque chose, que nous nous sentons envoyés » a-t-il poursuivi.

L’enseignement de l’Evangile du paralytique

Puis, évoquant plus encore, les échanges de la veille avec les chrétiens psychologues de Guadeloupe et de Martinique, l’évêque de Guadeloupe est revenu sur les réflexions menées avec le groupe sur le texte de l’Evangile du paralytique. « Nous avons partagé, échangé sur le paralytique, avec ce thème porteur porté, comme pour dire aujourd'hui que nous pouvons porter quelqu'un, être le porteur pour l'aider à grandir. Mais finalement nous pouvons nous-mêmes aussi un jour être porté par d'autres. Bien sûr et nous le reconnaissons, c'est l'expérience de notre vie : le porteur peut devenir un jour celui qui est porté. En partageant sur ce texte, vous avez relevé qu’à la fin Jésus dit à ce paralytique, lève-toi, prends ton brancard et rentre dans ta maison, et vous vous êtes arrêtés sur le rentre dans ‘’ta maison’’. Ce ta maison, vous disiez, peut renvoyer à une vie intérieure. Rentre en toi-même, là où ta foi t'a relevé. Le seigneur t'a relevé de ta paralysie, mais il te dit rentre en toi-même. Ne te disperse pas, va dans le lieu précieux qui est ton cœur, où ta foi t’a permis de te relever » a encore médité Mgr Philippe GUIOUGOU.

Seigneur, notre Dieu, toi qui connais le cœur de chaque être humain, nous te rendons grâce pour ces hommes et femmes appelés à écouter, à accompagner, à soutenir. Envoie sur eux ton esprit de sagesse et de discernement, pour qu’ils soient présence bienveillante auprès de ceux qui traversent l’épreuve, la souffrance ou la peur

« Je rappelle que dans la bulle d'indiction du pape François quand il a lancé l'année jubilaire, il souligne que la patience est un des fruits de l'espérance. Ça peut faire sourire, mais c'est très vrai, il faut être patient quand on accompagne quelqu'un. Il faut être patient quand on a son enfant et le voir grandir, malgré ses chutes, malgré ses difficultés. Il faut être patient quand on a un compagnon, un mari, une épouse. Il faut être patient si on est religieuse avec une autre religieuse. Il faut être patient quand on est prêtre, évêque avec les autres. La patience nous dit le pape est un des fruits de l'espérance, du regard que je porte sur l'autre en espérant le voir, changer. Alors, rentre en toi-même, là où la Parole de Dieu vient te rejoindre, là où la parole de Dieu vient te relever, ouvre ton cœur et ouvre tes yeux » a également prêché Mgr Philippe.

Les fruits d’une prière de foi, confiante, persévérante

Revenant enfin sur l’Evangile de ce 29ème dimanche du temps ordinaire, l’évêque de Guadeloupe releva son caractère pour le moins singulier. « Jésus insiste dans cette parabole un peu étonnante avec la veuve obstinée et un juge indifférent, sur la justice qui est rendue grâce à la persévérance. Ce juge qui n'en peut plus de cette veuve qui vient l'importuner dit finalement, bon je n’en peux plus et donc pour m'en débarrasser je vais faire un peu ce qu'elle me demande. Mais Jésus nous parle aussi de la prière à travers ce passage. Non pas une prière automatique ou désespérée, mais une prière de foi, de confiance, une prière qui ne se décourage pas. Le Fils de l'homme quand il viendra trouvera-t-il la foi sur terre ? C'est bien la prière qui nous permet de tenir dans la foi et cette phrase est étonnante. Le Fils de l'homme quand il viendra trouvera-t-il la foi ? Le Seigneur attend de nous cette foi, cette justice pour qu'il puisse laisser sa miséricorde s'exercer ».

« Dans un monde parfois dur, rapide à juger, lent à pardonner, Dieu se révèle plein de miséricorde, comme le juge cède face à l'insistance de la veuve. A plus forte raison, cela revient souvent dans l’Evangile. L’homme est capable de cela, à plus forte raison Dieu lui-même en est encore plus capable puisqu'il est Dieu. Cet homme, ce juge est capable de se laisser infléchir alors qu'il est injuste. A fortiori Dieu qui est juste et qui est bon, il se laissera infléchir si nous tournons notre cœur vers lui » a ajouté Mgr Philippe.

La mission de l’Eglise rejoint celle du chrétien psychologue

« La mission de l'Eglise aujourd'hui c'est d'annoncer cette Bonne Nouvelle. Comme la mission d’un chrétien psychologue c'est d'écouter, accompagner avec un cœur animé avec amour, l'amour du Christ qui a mis les plus fragiles au centre de son ministère. Jésus a mis les plus fragiles au centre de son ministère. Dieu n'est pas lointain. Dieu n'est pas indifférent. Dieu a un cœur de Père, un cœur plein de miséricorde et donc c'est ce qu'il demande, c'est ce qu'il vous demande, vous psychologues. J'aime beaucoup la préface n°4 qui dit ‘’tu n'as pas besoin de notre louange et pourtant c’est toi qui nous inspires Seigneur, c'est toi qui nous inspires à te rendre grâce. Nos chants n’ajoutent rien à ce que tu es, mais ils nous rapprochent de toi Seigneur. Tu n'as pas besoin de notre louange, mais c’est toi qui nous inspires à te rendre grande grâce’’. Alors Seigneur donne nous un cœur qui croit, une foi qui espère en toute espérance, un amour qui ne se lasse jamais de prier, rends-nous des missionnaires de ta miséricorde, témoins de ta justice et de ta bonté » a conclue l’évêque de Guadeloupe dans son homélie.

Tous envoyés comme disciples missionnaires

Ce dimanche était aussi celui de la journée missionnaire de l’enfance et de l’adolescence, en Doyenné, au sein de notre diocèse. Mais celui de Basse-Terre n’ayant pas été en mesure d’organiser ce rassemblement une prière a donc été proposée dans les paroisses du chef-lieu, de Baillif, Gourbeyre, Vieux-Fort et Saint-Claude. A l’invitation de Père Antony ETIENNE, les servants d’autel ont porté cette intention, en union de prière avec les fidèles : « Seigneur Jésus, merci pour ton amour qui remplit nos cœurs de joie. Tu nous appelles comme Samuel dans la nuit et nous voulons te répondre : me voici Seigneur. Comme David, donne-nous un cœur courageux pour te servir. Comme Jeremy aide-nous à parler de toi sans peur. Fais de nous tes amis et mes messagers, à l’école, à la maison et dans ton église. Donne-nous ton Esprit-Saint pour chanter, servir et aimer avec joie. Que nos gestes et nos sourires montrent ton amour à tous. Dans cette année du jubilé de l’espérance rend-nous plein de lumière et de confiance. Seigneur Jésus, fais de nous des enfants missionnaires, aujourd’hui et pour toujours. Amen ».

Au terme de cette célébration eucharistique, le moment était venu pour Mgr Philippe de procéder à la bénédiction et à l’envoi en mission des psychologues qui ont répondu à l’appel du Christ et de son Eglise au sein de notre diocèse. L’évêque de Guadeloupe a dit alors cette prière, avant l’aspersion du groupe naissant des chrétiens psychologues de notre île et de leurs collègues de Martinique :

« En ce jour, nous confions au Seigneur, celles et ceux qui partent en mission comme psychologues. Qu’ils soient témoins de la compassion du Christ, artisans de paix et de guérison intérieure. Seigneur, notre Dieu, toi qui connais le cœur de chaque être humain, nous te rendons grâce pour ces hommes et femmes appelés à écouter, à accompagner, à soutenir. Envoie sur eux ton esprit de sagesse et de discernement, pour qu’ils soient présence bienveillante auprès de ceux qui traversent l’épreuve, la souffrance ou la peur. Qu’ils sachent accueillir chacun avec respect et douceur, qu’ils discernent les signes de ta grâce dans les blessures et les espérances des personnes qu’ils rencontrent. Donne-leur la force dans les moments difficiles, la patience dans l’écoute et la joie de voir fleurir la vie là où tout semblait éteint. Béni leurs paroles, leurs gestes et leurs silences, qu’ils deviennent instruments de ton amour qui relève et qui guérit. Nous te confions leur mission, qu’elle porte des fruits de paix, de réconciliation et d’espérance dans les cœurs et dans les communautés qu’ils serviront. Amen ».

Après quoi, Mgr Philippe GUIOUGOU donna à l’assemblée des fidèles présents à cette messe dominicale du 19 octobre 2025, à la cathédrale Notre-Dame de Guadeloupe, à Basse-Terre, la bénédiction finale. Un temps de partage en toute convivialité était ensuite prévu à l’évêché, entre les chrétiens psychologues de nos deux îles et notre évêque, autour d’un petit-déjeuner où le pain au beurre et chocolat martiniquais furent très appréciés. Vous pouvez revoir cette célébration sur la chaîne YouTube « Église catholique en Guadeloupe » en cliquant sur ce lien.

Le service diocésain de la communication

POUR ALLER PLUS LOIN

Trois questions à Linda PIERRE-JUSTIN, Psychologue en Guadeloupe

Pourquoi avez-vous répondu à cet appel de Mgr Philippe en votre qualité de psychologue ?

Tout simplement, d'abord parce que j'ai été invitée en tant que chrétienne par l'évêque. Ensuite, en tant que psychologue, parce que cet appel m'a paru innovant, interpellant, et a suscité ma curiosité. Parce que c'est clair que ma communauté professionnelle, n'a pas pour habitude d'être conviée à ce genre de regroupement.

Quels enseignements tirez-vous de vos échanges ?

J'ai été très surprise par le contenu de nos échanges, il faut dire que j'ai d'abord pu rencontrer des collègues à la fois guadeloupéens mais aussi martiniquais qui eux vivent déjà cet appel. Et singulièrement, se dire qu'en tant que chrétien psychologue, on puisse discuter à la lumière de notre foi sur nos pratiques professionnelles, pouvoir se dire qu'il est possible d'avoir un regard et des analyses sur nos pratiques avec d'autres chrétiens de notre profession, c'est quelque chose qui anime profondément notre élan, Se dire qu'on peut avoir des échanges, s'assurer, en termes de principe de précaution, qu'on est fidèle en tant que chrétien à nos valeurs, mais en même temps qu'on apporte, une richesse aux personnes que l'on reçoit, aux patients que l'on reçoit sans rentrer dans un prosélytisme quelconque, ça rassure. Cela rassure de se dire qu'on n'est pas seul, c'est important. Je pense que c'est d'abord cela, être ensemble en tant que chrétiens psychologues, pouvoir compter les uns sur les autres et ensuite avoir des échanges sur nos pratiques professionnelles, à la lumière de notre foi.

Comment envisagez-vous la mission ?

Je suis repartie nourrie, fortifiée, avec l’assurance que je pouvais compter sur d'autres, que je pouvais être moi aussi portée par d'autres. À l'image, à l'instar de l'Évangile du paralytique qu'on a pu partager à l'occasion de nos échanges. Le paralytique qui était porté par 4 personnes jusqu'à Jésus. C'est vrai qu'en tant que psychologue, on a le sentiment quelquefois d'être seul face au patient, mais là, se dire qu'on peut compter les uns sur les autres, et puis surtout en qualité de psychologues partageant une même foi, une même conviction, voilà, ça donne une autre saveur à la mission, tout simplement.

 

Dans la même catégorie