Comme à l’accoutumée, les fidèles et pèlerins avaient rendez-vous dès 5h du matin à l’église Sainte-Hyacinthe de Capesterre de Belle-Eau, pour l’office des laudes, puis un temps de prières avant le début de la procession partant du bourg vers la section de Routhiers et sa chapelle dédiée à la Croix Glorieuse. Année jubilaire oblige, ce temps fort a eu cette fois une dimension particulière. Organisée en Doyenné, c’est-à-dire avec des délégations de pèlerins venues de Goyave, Trois-Rivières et les Saintes (Terre-de-Haut et Terre-de-Bas), en plus des paroissiennes et paroissiens de Capesterre Belle-Eau, ce pèlerinage a coïncidé aussi avec l’installation du nouveau curé de la paroisse, le père Norbert TIBEAU, lors de la messe dominicale présidée à l’issue de cette procession, par Mgr Philippe GUIOUGOU, évêque de Guadeloupe.
Peu avant 6h, il était temps pour les nombreux pèlerins d’entamer leur longue marche priante et méditative. Environ 8 kms au total, derrière la Croix dont les porteurs se sont relayés tout le long du parcours. « J’ai décidé de suivre Jésus sans me retourner. La Croix devant moi, le monde derrière moi ». C’est avec ce chant très engageant à la suite du Christ, que la foule arpenta l’artère principale du bourg vers la première station située devant la Croix Jubilé, non loin du pont de Géta. Ce sont les mystères Glorieux du Rosaire qui ont été médités durant tout ce pèlerinage dont le thème était le suivant : « Pour une église de communion, redécouvrons le sens et la place de la Croix dans notre vie chrétienne ». Et quel meilleur moyen de montrer combien la Croix vient rejoindre les réalités de nos vies, que la force du témoignage, comme nous y invite l’évêque de Guadeloupe dans sa lettre de rentrée pastorale 2025, « Avec Jésus-Christ, en Eglise, Participons et Témoignons ».

La force du témoignage
A chaque station, des fidèles, jeunes ou moins jeunes, portèrent ainsi leurs témoignages sur le sens concret de la Croix dans leur vie. Claire, 45 ans, s’appuya sur une grosse dispute qui a éclaté au sein de sa famille, il y a 8 ans, à propos d’un héritage. « Mon frère a pris une décision lourde de conséquences sans me consulter. J’ai été profondément blessée. Pendant longtemps, je suis restée froide et fermée, même à la messe. Je priais mais mon cœur était dur et fermé. Un jour, en entendant cette parole dans l’Evangile, Si tu présentes ton offrande à l’autel et que là tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi, laisse là ton offrande et va d’abord te réconcilier avec ton frère (Mt 5, 23-24). J’ai ressenti un choc intérieur. C’était moi. Puis, au moment de la semaine sainte, en méditant la Passion, j’ai lu ces mots de Jésus en croix : Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font (Lc 23,34). J’ai compris que je ne pouvais pas suivre le Christ tout en gardant cette rancune en moi. J’ai appelé mon frère. Cela n’a pas été facile, ni immédiat. Mais peu à peu, la paix est revenue. Aujourd’hui, je peux dire que la croix a brisé mes chaines. Le pardon m’a redonné la liberté intérieure. Le plus beau cadeau que Dieu m’a fait, c’est la capacité de pardonner par la grâce ».

Puis ce fut au tour de Marie, 38 ans, mère de famille, maman de trois enfants, de partager son vécu personnel à la lumière de la Croix. « Avec mon mari, nous avons traversé une période très difficile. Disputes, incompréhensions et même une séparation de quelques mois. Dans ma prière, je revenais souvent à cette parole de Saint Paul : Le Christ est notre paix. Des deux, il a fait une unité (Eph 2,14). Un jour, en participant à une messe de la sainte croix, j’ai compris que je devais arrêter de me battre contre mon mari et commencer à me battre avec lui, à la lumière de la croix. La réconciliation n’a pas été magique, ni instantanée. Mais petit à petit, nous avons redécouvert le dialogue, le pardon et la patience. Aujourd’hui, je rends grâce. C’est la croix qui nous a permis de reconstruire notre unité ».
J’ai compris que la Croix n’était pas seulement un signe de souffrance, mais aussi un lieu de rencontre
Il y eut également le témoignage de Julien 24 ans, racontant la période de doute qu’il a traversé durant ses années à l’université. « Je me demandais à quoi servait ma foi et si Dieu existait vraiment. Un jour, un ami m’a invité à un chemin de Croix. Au début, je trouvais cela triste et pesant. Mais en méditant, j’ai entendu cette phrase. "Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique" (Jn 3,16). Ce verset m’a bouleversé. J’ai compris que la Croix n’était pas d’abord un échec mais un signe d’amour extrême. Dieu m’aimait personnellement, jusqu’à donner son Fils pour moi ». Bel enseignement aussi que fut de même, le récit de Samuel, 17 ans. « Quand je suis rentré au lycée, je me suis senti très seul. J’avais du mal à trouver ma place et souvent je restais dans mon coin. Un jour, lors d’une retraite de jeunes, on nous a proposé de méditer ensemble la croix. On a lu ce passage : "Et moi quand j’aurais été élevé de terre, j’attirerai tous les hommes à moi" (Jn 12,32). J’ai compris que la Croix n’était pas seulement un signe de souffrance, mais aussi un lieu de rencontre. Depuis, je ne me sens plus isolé. A l’aumônerie, à la messe, je sais que je fais partie d’une grande famille, celle de l’Eglise. Pour moi, la croix est devenue un signe de communion et d’unité. Elle me rappelle que je ne suis jamais seul. Que Jésus m’attire vers lui et vers les autres ».


La croix m’a appris que la réconciliation ce n’est pas oublier, c’est aimé malgré tout
Parmi ces témoignages illustrant toutes les situations où la Croix peut nous guider dans nos vies, l’on retiendra enfin celui de Marc 53 ans. « Il y a quelques années, j’ai vécu une rupture douloureuse avec mon meilleur ami d’enfance. Une parole de trop. Une blessure non avouée et on ne s’est plus parlé pendant presque 10 ans. Mais lors d’une veillée de la croix dans ma paroisse, j’ai médité ce passage de saint Paul : Nous vous en supplions au nom du Christ, laissez-vous réconcilier avec Dieu. Ce jour-là, j’ai compris que ma foi ne pouvait pas se limiter à la prière et aux sacrements, si je restais enfermé dans le ressentiment. Le lendemain, j’ai pris mon téléphone, ce n’était pas simple, mais c’était juste. Aujourd’hui, cette amitié est restaurée. Ce que je croyais mort a retrouvé vie. La croix m’a appris que la réconciliation ce n’est pas oublier, c’est aimé malgré tout ».

Au terme de ce long pèlerinage, les fidèles arrivèrent à la chapelle de Routhiers, emboitant le pas à Mgr Philippe GUIOUGOU – qui a rejoint la procession dans la dernière partie du parcours -, Père Norbert TIBEAU et Père Marc-Kenry JASMIN. Le temps d’une pause bien méritée pour reprendre des forces et de tout mettre en place pour la célébration organisée en plein air, la messe pouvait commencer. Au début de cette Eucharistie qu’il présidait, Mgr Philippe présenta, conformément au rite d’installation d’un nouveau curé à la tête de sa paroisse, le Père Norbert TIBEAU, à la communauté, rappelant que ce dernier a grandi dans le diocèse de Gonaïves où il a reçu le baptême et la confirmation.
Mais qui est donc le Père Norbert TIBEAU ?
« Entré dans la Congrégation des missionnaires Montfortains en 2003, il a suivi sa formation philosophique, de 2004 à 2006 et théologique de 2007 à 2011, à Port-au-Prince. Puis à prononcer sa profession perpétuelle en 2012. Il a été ordonné prêtre le 19 mars 2013. Après plusieurs missions en Haïti, aux Etats-Unis et au Canada, le Père a été envoyé en Guadeloupe en 2017. De 2017 à 2018, il a exercé comme vicaire de la paroisse Sainte-Hyacinthe de Capesterre Belle-Eau donc c’est un lieu qui ne lui est pas inconnu et à Sainte-Anne de Goyave. Puis vicaire de la paroisse de Sainte-Anne de 2018 à 2020. Il devient ensuite curé de la paroisse de Goyave de 2021 à 2025. Il est également conseiller spirituel des Equipes Notre-Dame, supérieur local de Montfortains en Guadeloupe, Aumônier des associés Monfortains, des laïcs qui épousent la spiritualité Montfortaine. Depuis septembre 2025, il est curé de la paroisse de Capesterre Belle-Eau, devient administrateur de Sainte-Anne de Goyave et Doyen du Doyenné de Trois-Rivières » a indiqué l’évêque.

Ensuite, c’est à Mme Nadia MARTIAS, coordinatrice des chorales de Sainte-Hyacinthe, que revint la charge de présenter la paroisse, son histoire et ses réalités. « Nous avons un peu plus de 30 groupes et mouvements, Capesterre Belle-Eau est donc une très grande paroisse. Nous souhaitons à Père TIBEAU beaucoup de courage et de force parce qu’il aura à manœuvrer ce grand paquebot » a-t-elle indiqué, avant de s’arrêter plus particulièrement sur ce que représente ce pèlerinage pour la communauté. « Aujourd’hui, la célébration de la Fête de la Croix Glorieuse à Routhiers, demeure un temps fort de foi, de prière, de rassemblement. Ce qui avait commencé par une découverte humble, est devenu un pèlerinage transformé en une tradition spirituelle vivante enracinée dans l’histoire du peuple et dans la prière de l’Eglise ».
La Croix, une source inépuisable d’inspiration et de méditation
Après la remise de l’Evangéliaire à Père TIBEAU et la proclamation de l’Evangile par le nouveau curé installé, l’homélie de Mgr Philippe GUIOUGOU, permis à tout un chacun d’être enseigné davantage sur le sens profond de la Croix. « On peut dire que la Croix à première vue, est un instrument de supplice, un signe de douleur, de mort. Mais par la foi, nous reconnaissons que cette croix va devenir finalement l’arbre de vie. Cet arbre de vie planté en terre. La Croix est une source inépuisable d’inspiration et de méditation. Cette Croix est enracinée dans l’Humanité, comme plantée dans la terre, qui est aussi le lieu de la vie, car il faut bien planter pour faire pousser. Cette Croix plantée en terre, va donc porter un fruit : le Seigneur, le Christ, qui va épouser notre humanité sur la Croix ».

Et l’évêque de Guadeloupe d’ajouter que la Croix n’est pas une idée abstraite. « C’est le don le plus précieux que nous puissions avoir, le signe par excellence du don de Dieu. C’est là, dans cette terre parfois aride de nos vies que Dieu a voulu planter l’arbre de son amour. La croix est donc le lieu visible de l’amour invisible de Dieu. Plantée en terre, elle rejoint les réalités les plus concrètes de nos vies »
« Accueillons ce signe de la Croix, comme la plus belle et grande nouvelle pour nous. Là où nous voyons la mort, Dieu fait jaillir la vie. Là où le peuple de Dieu qui s’était détourné du Seigneur dans la première lecture tirée de l’Ancien Testament, ils vont lire ces serpents comme un signe de Dieu qui est envoyé, mais c’est souvent et c’est plutôt nous qui nous mettons des bâtons dans les roues. Dieu ne met pas de bâton dans les roues de l’Homme, il donne toujours une solution : il a donné le Christ. Là où nous croyons être seuls, Dieu se tient avec nous, comme cette Croix invisible qui marche avec nous. Comme pour rendre plus léger notre fardeau. Là où nous croyons être perdus, la croix nous montre le chemin » a également prêché Mgr Philippe.

Le mot chaleureux du maire Jean-Philippe COURTOIS
Au terme de cette très belle célébration, le maire de la commune, M. Jean-Philippe COURTOIS, remis symboliquement à Père TIBEAU, les clés de l’église et des autres bâtiments affectés à la paroisse de Capesterre Belle-Eau, non sans avoir adressé quelques mots de bienvenu au nouveau curé. « Mgr Philippe ne pouvait pas choisir meilleure occasion que cette Fête de la Croix Glorieuse pour cette passation. La communauté de Capesterre Belle-Eau ici réuni ainsi que tous nos visiteurs démontrent surtout là cette richesse de notre Eglise, une église qui est vivante, une église qui est en mouvement, une église qui est riche de ces comités de quartier. Nous voulons, là au travers de ces quelques mots t'assurer aussi du plein et entier soutien de la ville dans le cadre de ton ministère que je te souhaite grand, riche. Que celui-ci soit aussi pour ceux qui malheureusement ne sont pas présents avec nous ce matin, l’occasion de pouvoir trouver cette espérance et cette capacité aussi à son relever, qu’il soit pour nos plus petits, nos plus jeunes qui est débutent au niveau de leur catéchisme, donc qui font ces premières rencontres avec le Seigneur, que ton ministère soit aussi l’occasion pour eux de pouvoir cheminer et surtout que ton ministère soit pour nous épanouissant , pour que tous ensemble, nous puissions à tes côtés, faire vivre l’église de Capesterre Belle-Eau, mais aussi l’Eglise de Guadeloupe » a dit le maire Jean-Philippe COURTOIS.

Ecoute, Prière, Formation
Restait alors au Père Norbert TIBEAU, d’exprimer sa profonde gratitude à l’évêque et ses remerciements pour l’accueil qui lui est réservé, et d’annoncer aux fidèles ses trois priorités : l’écoute, la prière et la formation. « Ces trois priorités rejoignent l’appel de notre évêque, "Avec Jésus-Christ, en Eglise, Participons et Témoignons", car écouter, prier et se former, c’est déjà participer à la vie de l’Eglise et témoigner de l’espérance qui habite nos cœurs. Ma mission n’est pas seulement ici à Capesterre, elle ne s’arrête pas aux limites de cette paroisse. Elle s’étend à Goyave, à Trois-Rivières, à Terre-de-Haut et Terre-de-Bas. Comme doyen, je suis envoyé pour travailler à l’unité et à l’harmonie de nos communautés. Voilà notre mission : abattre les murs qui séparent et bâtir des ponts qui unissent. La devise de notre évêque nous guide, que tous soient un. Oui, frères et sœurs, la croix rassemble et unit. La croix réconcilie. La croix ouvre à la communion ecclésiale et véritable » a indiqué Père Norbert.

Prêtre et serviteur
« Je viens à vous dans la simplicité d’un missionnaire, prêtre et serviteur, à l’image du Christ. Je ne viens pas seulement avec des projets personnels, mais avec le désir de continuer avec vous l’œuvre commencé dans la fidélité à l’Evangile, à l’enseignement de l’Eglise et aux orientations de notre évêque. Mon seul souhait est que notre paroisse Sainte-Hyacinthe et notre Doyenné deviennent toujours des lieux de communion, de partage, de pardon et d’espérance, où chacun trouve sa place et découvre la joie de suivre le Christ » a conclu le nouveau curé de Capesterre Belle-Eau.
Ce pèlerinage 2025 de la Croix Glorieuse à Routhiers Capesterre Belle-Eau était retransmis en direct sur Radio Massabielle et sur les réseaux sociaux du diocèse de Guadeloupe. Vous pouvez revivre les temps forts de ce grand moment d’Eglise et de communion sur la page Facebook « Eglise catholique en Guadeloupe » et l’intégralité de cette messe d’installation via ce lien, sur la chaine YouTube de notre diocèse.
Le service diocésain de la communication (Avec la paroisse de Capesterre Belle-Eau)
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