A l’église Saint-Sulpice à Paris, l’Aumônerie nationale des Antilles-Guyane a fêté ses 80 ans

Des hommes et des femmes réunis pour faire le plein de chaleur, de souvenirs et vivre l’unité en Christ avec ceux et celles avec qui ils partagent des racines communes. Dès le début de la journée, en conseil avec les évêques de la province des Antilles et de la Guyane, surtout Mgr RANSAY, évêque de Guyane et délégué épiscopal pour l’ANAG, et Mgr Philippe GUIOUGOU, évêque de Guadeloupe, étaient réunis une trentaine de personnes. Les évêques ont pris le temps d’écouter, d’échanger, d’imaginer et d’encourager toutes les initiatives qui nourrissent la communauté des Antilles-Guyane dans toutes les villes et provinces, représentés et de remplir de visites pastorales leurs agendas déjà bien chargés.

Une attention particulière pour les jeunes

« De Lyon à Strasbourg, en passant par Montluçon près de Mâcon et tous les diocèses d’Ile-de-France, nous nous sommes accueillis avec chaleur et joie, écoutant la bonne nouvelle de la vie en fraternité, l’espérance de lendemain qui chante et la créativité des parcours et des initiatives » nous a confié l’une des participantes à ce temps d’échange. Un temps riche qui s’est clôturé sur la question des jeunes : leur accueil, leur accompagnement et la richesse qu’ils représentent pour nos diocèses.

L’occasion pour Mgr Philippe GUIOUGOU, évêque de Guadeloupe, de faire le lien avec la bulle d’induction du Pape François avant l’ouverture de l’année jubilaire : « Ceux qui, en leurs personnes mêmes, représentent l’espérance ont également besoin de signes d’espérance : les jeunes. Malheureusement, ces derniers voient souvent leurs rêves s’effondrer. Il est triste de voir des jeunes sans espérance » a indiqué l’évêque de Guadeloupe. Des jeunes, mis à l’honneur : par un accueil, un rite du sel et celui de la lumière ; pour ancrer dans tous nos cœurs que nous sommes tous appelés à être « sel de la Terre et lumière du Monde ». La célébration eucharistique a su réveiller et révéler dans le cœur de tous, par le prêche de l’Archevêque et par la beauté de la liturgie, l’espérance et la joie d’être ensemble et de vivre là où le Seigneur nous envoie ce qu’il nous a déjà donné.

La puissante homélie de Mgr MACAIRE

Dans son homélie, Mgr David MACAIRE a eu des mots très forts et inspirants qui ont touché les coeurs. « La révélation frères et sœurs, et j’aimerais que cela remplisse nos cœurs de joie, c’est que chacun de nous est une icône du Christ ! Dieu nous a choisi pour faire descendre sur nous sa grâce, pour nous donner son onction, pour nous donner aussi la mission d’être ses mains, son regard et son cœur au milieu de ce monde. Quels que soient nos péchés, les fautes, les addictions, les crimes que tu as commis, que l’autre a commis, je te donne ma grâce, pour que tu sois mes mains dans ce monde. Que ta maison soit ma maison. Ne crains pas de prendre Marie chez toi. Ne crains pas d’être dans l’Eglise. Ne crains pas d’être un chrétien. On ne t’a jamais demandé un certificat de bonne conduite pour entrer dans l’église de la personne, parce que légliz la sé taw ! Ne crains pas d’entrer dans l’Eglise quel que soit ce que tu es ! Parce que l’Eglise c’est chez toi ! Parce que tu es l’Eglise ! ».

S’exprimant à la fin de la messe, l’archevêque de Saint-Pierre et de Fort-de-France évoqua plus spécifiquement la situation sociale de l’île. « Vous connaissez tous les évènements qui secouent la Martinique. L’Eglise catholique, nous accompagnons. C’est un cri qu’on a poussé depuis longtemps. Le cri de la souffrance qui est profonde. Il y a la question de la vie chère. Il y a la question du mode de vie aussi. Donc, avec les prêtres, les responsables, il y a plusieurs centaines, plusieurs milliers de fidèles de notre Eglise qui sont engagés, pas forcément dans des mouvements de revendications, mais au jour le jour, auprès de ceux qui en ont besoin. Et nous connaissons la force de ces frères et sœurs. Au-delà de tout ce qui se passe sur les réseaux sociaux et dans les rues, je suis tellement fier, et je voudrais partager cette fierté de ces hommes et de ces femmes qui agissent pour bâtir une solidarité ; comme on dit dans l’Eglise, une civilisation de l’amour. Mais le chemin est long. Il faudra commencer par fouiller, comme on fouille un dachine ou une igname, aller fouiller les racines de la souffrance, sur les questions d’identité, d’éducation… » a-t-il affirmé.

Dans tous nos territoires, travailler au mieux vivre ensemble

Lorsqu’il s’est adressé à son tour à l’assemblée, Mgr Philippe GUIOUGOU, évêque de Guadeloupe, a rendu témoignage de sa très riche première année d’épiscopat dans son diocèse. « Ce que je peux dire de la Guadeloupe, c’est que je découvre beaucoup de richesses, d’hommes et de femmes prêts à s’engager pour l’Evangile, à donner de leur énergie, de leur temps, pour que la parole de Dieu puisse être annoncée davantage. Et pour permettre également que l’on puisse mieux vivre ensemble, mieux collaborer, mieux œuvrer pour rendre notre île meilleure. Dans notre monde on ne peut pas effacer, ignorer les difficultés propres à nos îles. La question est de savoir comment les affronter. Nous savons bien ce qui se passe, notamment pour tout ce qui concerne la vie chère dans nos départements. La question pour nous en tant que chrétiens, c’est comment nous œuvrons aussi pour rendre un peu meilleur ce vivre ensemble dans nos îles ».

Et l’évêque de Guadeloupe de poursuivre en ces termes. « Je mets évidemment l’accent sur les jeunes, notamment en cette année jubilaire qui s’annonce, pour qu’ils soient écoutés, plus particulièrement la tranche des 20-40 ans. Parce que je me rends compte que beaucoup d’entre eux nous disent qu’ils n’arrivent plus à venir à l’église. Il y a bien une raison. Encore faut-il que nous les écoutions, que nous entendions ce qu’ils ont à nous dire, les appels, les cris qu’ils nous lancent, afin de répondre à leurs attentes. Nous avons des choses à apporter au monde et particulièrement nos jeunes, nos familles qui viennent dans l’hexagone et qui y apportent aussi leur foi » a conclu Mgr Philippe GUIOUGOU.

La Réunion invitée l’an prochain

Mgr Alain RANSAY, évêque de Guyane appela pour sa part, dans sa prise de parole en fin de célébration, la communauté des antillais et guyanais de l’hexagone à continuer à propager l’Evangile au sein de cette société française. « Nous avons reçu d’eux, des missionnaires français. Nous avons reçu cet Evangile et c’est maintenant à notre tour de le ramener » a-t-il affirmé. Sinon, a-t-il conclu, « la Guyane ça va plutôt bien. Sauf que nous avons déclenché le plan ORSEC grande sécheresse. C’est assez paradoxal. Un pays d’eau qui est maintenant dans la sécheresse. Il y a des gens qui doutent du changement climatique. Il s’avère que ça à l’air d’être une vraie réalité ».

Un grand merci à l’archevêque de notre province Antilles-Guyane, Mgr David MACAIRE et nos évêques respectifs de Guadeloupe, Mgr Philippe GUIOUGOU et de Guyane, Mgr Alain RANSAY ; de même qu’aux coordinateurs de l’ANAG et à toutes les équipes qui travaillent pour faire vivre cette pastorale du lien et de la catholicité. Un merci tout spécial enfin à la chorale de Sainte-Rose qui a animé la célébration. La chaine KTO a proposé le mardi 12 novembre dernier, dans son émission FOCUS, un condensé de ce temps fort annuel de l’Aumônerie Nationale Antilles-Guyane.

L’an prochain, ce rendez-vous incontournable prendra une dimension encore plus grande, avec l’accueil de la communauté des fidèles originaires de la Réunion vivant de l’hexagone et de l’évêque de cette île de l’Océan Indien, Mgr Pascal CHANE-TENG. Comme l’a si bien dit Mgr David MACAIRE, il faudra pousser les murs de cette église Saint-Sulpice.

Le service diocésain de la communication (avec les contributions à Paris de Valeska, Lucy et Marie-Laëtitia, d’Aventure de Foi)