Décès de Père Yves Gillot (1931-2024) : L’hommage de Mgr Jean-Yves RIOCREUX, évêque émérite de Basse-Terre et Pointe-à-Pitre


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dimanche 8 septembre 2024
Diocèse de Guadeloupe

Evêque de Guadeloupe de 2012 à 2021, Mgr Jean-Yves RIOCREUX a bien connu Père GILLOT, le doyen de nos prêtres décédé à l’âge de 93 ans. En union de prières avec notre diocèse, il signe cet hommage émouvant, en rendant grâces à Dieu pour ce bon et fidèle serviteur. Nous publions intégralement.

Le Père Yves Gillot est décédé après quelques semaines d’hospitalisation en plusieurs hôpitaux et cliniques.  Au cœur de ces semaines, il a  reçu le sacrement de l’onction des malades des mains de Mgr Guiougou. Sa mort suscite une grande émotion et de nombreux hommages, tant « Père Gillot » a marqué la Guadeloupe. 

Ayant bénéficié de ses conseils et de sa collaboration à mon arrivée comme évêque de Basse-Terre en 2012, j’apporte ici le témoignage reconnaissant avec  mon amitié pour ce prêtre estimé.

Avant même d’arriver en Guadeloupe, j’avais entendu ce nom « Père Gillot ». Aussi, dès septembre 2012, je l’avais associé à la vie du diocèse. Il m’a ainsi fait découvrir l’Eglise en Guadeloupe, son histoire ainsi que sa complexité, sa diversité et sa richesse. Et j’ai beaucoup admiré sa disponibilité pour venir chaque semaine depuis le  Moule jusqu’à l’évêché à Basse-Terre, généralement très tôt le matin. Messe ensemble, échanges et  participation à divers conseils,  comme « chancelier » du diocèse.

Rapidement, j’ai connu son parcours commencé durant la guerre et qui s’est poursuivi en métropole en différents lieux,  à Allex dans la Drôme et au séminaire spiritain à La Croix-Valmer dans le Var. Il est ordonné prêtre en février 1960.

Ses capacités intellectuelles étant reconnues, il  est invité à poursuivre sa formation à Rome pour une licence en droit canon. Il aimait à parler de ces années importantes ayant contribué à son amour de l’Eglise et de la liturgie.  C’était une joie de l’entendre chanter des hymnes en grégorien, puisqu’ayant été formé avant le Concile Vatican II. Et il aimait aussi à évoquer les anciens connus durant ces années romaines.

De retour en Guadeloupe en 1962, il est prêtre au milieu des jeunes d’abord aumônier du lycée Gerville-Réache à Basse-Terre et ensuite à Pointe-Noire.  Et le voici nommé curé à Pointe-à-Pitre, d’abord à Massabielle, puis en 1972  à la grande église Saint Pierre Saint Paul. Il y restera plus d’un quart de siècle. Ah, comme il aimait à parler de ses années à Pointe-à-Pitre, période au cours de laquelle il a tissé de nombreux lieux d’amitié avec tant de personnes de tous milieux.  C’est d’ailleurs dans cette période de son ministère qu’il a accompli de nombreuses réalisations, celles connues et tant d’autres inconnues, mais  réelles auprès tant de familles et personnes.

Puis, après ces années marquantes pour la Ville et pour lui-même, disponible pour une autre paroisse,  il devient curé à St Jean Baptiste du  Moule. Grande paroisse où, là encore, il sera présent auprès de tous, sachant se faire aider par des jeunes prêtres venant d’Haïti.

Enfin, c’est dans cette commune du Moule, à la chapelle de Fatima qu’il se retire à 75 ans.  Nombre de fidèles connaissaient sa maison et venaient le rencontrer  pour un conseil ou une confession. Et, chaque année, le 13 Mai, avec les fidèles du quartier et les pèlerins venant nombreux, il  célébrait la fête de Notre-Dame de Fatima.

En conclusion, trois souvenirs. Le premier est lié à un lieu célèbre. « Pourrais-je célébrer un jour à Notre-Dame de Paris ? » me demanda-t-il. L’ancien recteur de la cathédrale pouvait permettre la réalisation de ce rêve. Et il put ainsi présider l’office de Vêpres et la messe un soir d’été en ce haut-lieu. Le second, ce fut sa présence à Marlhes pour la célébration de mes 40 ans de sacerdoce. En cure à Vichy, il avait pu se joindre à notre paroisse en concélébrant la messe. Et le dernier est lié à un épisode cocasse. Pour une ordination à Saint Pierre Saint Paul, je me suis trouvé dépourvu, une chaussure étant défectueuse. Immédiatement, il me propose ses propres chaussures, et en riant menu dit : « Vous raconterez cela le jour de mes funérailles ». Promesse tenue !

Au-delà de cette anecdote, il y a cette belle réalité du souvenir rendu à un prêtre, « Bon et Fidèle Serviteur » qui nous a quittés et pour lequel nous prions, en rendant grâces pour ces 64 années de sacerdoce dans l’Eglise en Guadeloupe.

+ Jean-Yves Riocreux, évêque-émérite de Basse-Terre et Pointe-à-Pitre

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